Dessiner, c’est être authentique

« Je ne sais pas dessiner. »

Combien de fois ai-je entendu cette phrase… Pourtant, à votre naissance, vous ne saviez pas lire, écrire, faire du vélo, vous l’avez appris. Avant de savoir faire tout cela, vous dessiniez. Et oui, vous preniez les gros feutres et vous gribouilliez sans avoir peur du jugement, sans limites, sans croyances, sans carcan. Vous étiez libre, tout simplement. Spontané. Libre de choisir telle couleur. Libre de tracer un trait ou plusieurs petits points. Libre de retranscrire votre propre vision du monde sur le papier. Dessiner, c’est être libre. C’est ressentir. C’est s’abandonner. C’est se connecter à l’essentiel, à la vie, au monde. Dessiner, c’est être authentique.

Les Sapiens ne se sont-ils pas d’abord exprimés par le dessin ? Il n’y avait ni écriture, ni lecture à cette époque. La grotte de Chauvet (il y a 36000 ans), par exemple, regorge de magnifiques peintures pariétales (graphisme, figuratif ou abstrait, réalisé sur un support inamovible (paroi)). Ces hommes possédaient un grand sens de l’observation, une belle mémoire pour pouvoir reproduire les animaux qu’ils côtoyaient et un sens artistique indéniable. Les détails sont impressionnants, l’utilisation des reliefs de la grotte est astucieuse, les techniques sont recherchées (estompe, gravure…). Et ce qui est extraordinaire, c’est que dans les autres grottes en Europe nous retrouvons des œuvres aux mêmes inspirations, au sens, aux dessins et au style communs. Le dessin est universel.

Il m’a fallu quatre ans pour peindre comme Raphaël, mais il m’a fallu toute une vie pour apprendre à dessiner comme un enfant.

Pablo Picasso

Pour retrouver l’essence du dessin, il faut désapprendre. Il faut retrouver notre spontanéité d’enfant que l’école, la société, l’éducation, les adultes nous ont enlevée. Il faut se débarrasser des codes, des conventions.
« Le ciel est bleu. » nous disait-on en maternelle. C’est faux. Il est rose, mauve, anthracite, émeraude, doré, orange à pois bleus !
A la maternelle, mon institutrice m’avait presque crié dessus car mon sapin de Noël n’était pas identique à la représentation qu’elle avait de cet arbre. J’avais dessiné ce sapin comme je le voyais, mais scandale, les branches étaient dans le « mauvais » sens ! Cela m’a presque traumatisée, j’adorais dessiner et elle me gâchait ce plaisir.
Pourtant, regarder les enfants dessiner, plonger dans leur monde, le même que le nôtre mais retranscrit sur le papier à travers leur regard, est tellement ressourçant !
J’adore travailler avec les enfants car ils enrichissent mes ateliers. Ils détournent les consignes, les agrémentent d’originalité, de surprise, de nouveauté. Souvent j’utilise ces consignes comme démarrage, comme prétexte. Les enfants partent dans leur univers et m’emmènent avec eux.

Retrouvez votre univers et partagez-le sur le papier ! Le dessin est une occasion rare d’être vous-même, de retrouver votre regard d’enfant, un regard libre. Car il n’a pas disparu, il est tout simplement enfoui.
Dessiner, c’est être authentique.